Saint Louis (1214 – 1270)
Le roi de l’apogée de la France capétienne
Le XIIIe siècle français est souvent qualifié, à juste titre, de « Siècle de saint Louis ».
Né à Poissy le 25 avril 1214, le roi est monté sur le trône sous le nom de Louis IX à l’âge de douze ans. Il a régné près de quarante-quatre ans jusqu’à sa mort en croisade, devant Tunis, le 25 août 1270.
Durant cette longue période, il a porté le royaume capétien à son maximum de prestige, ce qui lui a valu de devenir, sous le nom de saint Louis, le roi le plus aimé des Français, avec Henri IV.
Le royaume capétien se renforce de façon spectaculaire sous le long règne de Philippe Auguste (1179-1223). Trois ans plus tard, à l’avènement de son petit-fils Louis IX, futur saint Louis, c’est le plus puissant État de la chrétienté occidentale, voire de toute l’Europe; c’est un État de type féodal.
Au sommet de la hiérarchie sociale, le roi administre en propre son domaine, par l’intermédiaire de ses baillis et ses sénéchaux. Il reçoit également les redevances féodales de ses vassaux. Ces vassaux et leurs propres vassaux, jusqu’aux degrés inférieurs de la pyramide féodale, lui doivent aussi le service militaire. Parmi eux, le roi d’Angleterre tient une place à part, car il fait allégeance au roi de France pour ses fiefs continentaux mais c’est aussi un roi à part entière.
Le modèle du roi chrétien
Chevalier courageux, souverain habile et sage, mari fidèle, profondément pieux, Louis IX apparaît comme le modèle du roi chrétien tel que se le représentaient les hommes du « beau Moyen Âge » (XIIe-XIIIe siècles).
Son règne présente deux périodes :
La première est un long apprentissage auprès de sa mère Blanche de Castille, des anciens conseillers de son père et de son grand-père, jusqu’en 1242.
La seconde débute à partir de son retour de croisade en Terre Sainte, en 1254, après six ans d’absence.
S’efforçant d’être un chrétien exemplaire il se dirigera, avec l’aide de Dieu, vers la sainteté.
Dans sa vie privée, il fait preuve d’austérité : il se restreint sur la bonne chère, porte un cilice (vêtement de crin) à même la peau pour se mortifier, se fait fouetter le vendredi en souvenir de la mort du Christ, soigne et lave les pauvres, ne craint pas de nourrir lui-même des lépreux…
Dans sa vie publique, il privilégie en toutes choses la conciliation et le droit sans tenir compte du rang.
Le roi met fin à la première « guerre de Cent Ans » contre l’Angleterre ainsi qu’à la croisade contre les Albigeois. Il régularise les relations entre la France et l’Aragon. Il remet enfin à leur place les turbulents féodaux et modernise l’administration.
Sous son règne, Paris devient la ville la plus prestigieuse de la chrétienté occidentale avec son Université et ses monuments (Sainte Chapelle, Notre-Dame). Les foires de Champagne, entre Flandres et Lombardie, stimulent le commerce et la naissance d’une bourgeoisie active et entreprenante.
Fait rare, son procès en canonisation est engagé deux ans à peine après sa mort, au vu des miracles et guérisons ayant eu lieu auprès de son tombeau. En 1297, le pape Boniface VIII élève Louis IX au rang de saint de l’Église catholique.
Le 25 août, anniversaire de sa mort, devient sa fête canonique. Le roi de France est l’un des premiers laïcs à être canonisé, l’Église ayant jusque-là canonisé seulement des religieux.

Le XIIIe siècle, aussi appelé « siècle de saint Louis », voit l’émergence d’une nouvelle civilisation urbaine. Les villes, Paris, Montpellier, deviennent le foyer d’activités intenses et d’échanges commerciaux et intellectuels avec toute l’Europe, à l’image des cités italiennes ou des villes de la Hanse baltique.
La chrétienté occidentale s’épanouit dans l’art gothique. En Espagne, la Reconquista catholique chasse les musulmans d’Europe. En Pologne et dans les pays baltes, les chevaliers Teutoniques entament une entreprise de colonisation allemande sous couvert d’évangélisation. À Constantinople, les Grecs byzantins font face à l’Islam.
Triomphe du roi chrétien
Par sa mère Blanche de Castille, le roi est l’arrière-petit-fils d’Henri II et Aliénor d’Aquitaine. A 12 ans, il succède à son père et sa mère prend en main les destinées du royaume avec le titre de « baillistre » (régente). jusqu’en 1242.
En 1247, avant de partir en croisade, il fait le ménage dans l’administration : des enquêteurs se rendent dans tous les baillages et sénéchaussées du domaine royal, de la Picardie au bas-Languedoc, pour recueillir les doléances des habitants contre les agents du roi. En cas de biens mal acquis, les officiers royaux sont tenus de faire des restitutions sur leurs biens propres. Cette entreprise courageuse ne sera jamais renouvelée.
Le roi, chrétien, réalise ainsi une opération de communication magistrale qui attachera pour plusieurs siècles le peuple à la monarchie.
Le roi construit à Paris la Sainte Chapelle. Ce chef d’œuvre de l’art gothique abritera la couronne d’épines du Christ, acquise à prix d’or à Constantinople.
Ce qui contribuera à faire de Paris une cité comparable, en prestige, à Rome et Jérusalem, sans oublier le rayonnement de l’Université de Paris où enseigne son ami saint Thomas d’Aquin (1225-1274), qui conciliera pensée d’Aristote et foi chrétienne.
Dans son souci de moraliser le royaume, le roi sévit par ailleurs contre les guerres privées, les duels judiciaires, mais aussi l’adultère et la prostitution.
À l’apogée de son règne, Louis IX sera choisi consulté par les autres souverains d’Europe. C’est ainsi qu’à Amiens, en 1264, il apaise le conflit entre le roi Henri III d’Angleterre et ses barons.