Dimanche 23 février 2025 – 7ème dimanche du temps ordinaire
« Aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour.« Luc 6, 35- Lecture du premier livre de Samuel (26, 2. 7-9. 12-13. 22-23)
- Psaume 102 (103)
- Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (15, 45-49
- Evangile de Jésus Christ selon St Luc (6, 27-38)
HOMELIE
Le parfait disciple.
Comme dimanche dernier avec les Béatitudes, notre évangile de ce jour correspond au sermon sur la montagne de Mt 5-7, en plus court. Mais si le discours de Jésus en Matthieu est destiné à la foule, en Luc, le propos de Jésus s’adresse avant tout aux disciples, et constitue le vade-mecum du bon disciple du Christ : savoir vivre les béatitudes et les malheurs de la vie (20-26), l’invitation à l’amour des ennemis (27-35), la générosité envers le prochain ((36-42), le réalisme efficace du vrai disciple (23-49).
I/ Une réponse.
Le savoir être du bon disciple du Christ, de tout bon baptisé, c’est avant tout une réponse que l’on doit donner à Christ pour répondre à son appel. Il s’agit là, de dépasser la simple Loi naturelle, telle qu’on la trouve dans les 10 commandements, pour vraiment accéder à la foi, telle qu’elle nous sera présentée en Lc 7,1-10 avec la foi du centurion.
Par certains côtés, il s’agit d’appliquer dans sa vie ce que propose Paul aux Corinthiens dans la seconde lecture : passer de l’être physique, rationnel et naturel à l’être spirituel, configuré au Christ. La foi en Christ
doit nous amener à aller plus loin qu’une simple application de règles morales ou de justice, mais bien à un amour du prochain qui dépasse bien souvent le bon sens et la logique.
Tous nos rapports humains sont et doivent être transformés par notre rapport à Christ : le prêt devient don, la justice devient miséricorde, le jugement devient accueil. Nous acceptons de nous laisser guider par l’Esprit.
II/ Une logique humaine cependant.
Mais attention, la vie spirituelle ne nous coupe pas du réel et du monde. Nous qui sommes renouvelés par L’Esprit, nous serons jugés et traités par Dieu comme nous avons jugé et traité les autres. Ce langage-là est clair et accessible à tous. Il est de l’ordre de la nature et de la Loi naturelle, c’est la logique du « œil pour œil, dent pour dent » de l’Exode. C’est la même logique que celle contenue dans le Notre Père : « pardonnes-nous nos péchés, comme nous pardonnons aux autres. »
En cela, la relation au Christ n’est jamais statique, unilatérale et passive. Le physique et le spirituel se répondent l’un l’autre. C’est le principe même de l’amour, celui du don réciproque.
Si j’aime à la manière, dans l’Esprit, du Christ, tout sera effacé et pardonné, le jugement de la morale même sera aboli. Mais si je ne sais pas aimer et vivre dans l’Esprit du Christ, je serais traité comme j’ai traité les autres. C’est bien ce que nous raconte l’histoire de David et Saül. David est un grand pécheur, qui a du mal à résister à ses désirs et ses passions et pourtant, il lui sera tout pardonné car il a compris le sens profond du pardon des péchés. Pour qu’il lui soit pardonné ses nombreux péchés, il lui faut pardonner à celui qui le persécute. Saül est un petit pécheur qui reste à l’écart du pardon et n’entre jamais dans une démarche de repentir. Il ne lui sera rien pardonné, quand bien même ses péchés sont infiniment moins graves que ceux de David.
La Bible est pleine d’illustrations de cet évangile d’aujourd’hui. Ce dépassement d’une logique comptable purement humaine est un défi, mais c’est aussi une chance d’avoir une vie de foi qui met en marche et instaure un vrai dialogue entre Dieu et nous. Il ne suffit pas de recevoir, il faut aussi donner pour recevoir encore plus. C’est ce qui rend la vie de Foi si riche et passionnante, on ne peut jamais dire que l’on est arrivé !
P. Damien Stampers.