HOMELIE
Dans la continuité du mystère de la Sainte Trinité que nous avons célébré dimanche dernier, nous sommes invités aujourd’hui à célébrer le don total de Jésus, dans son corps et son sang, que l’on appelle le Saint Sacrement.
Voyons ensemble ce que nous disent les textes que nous propose aujourd’hui la liturgie, pour approfondir et grandir dans l’amour du Corps et du Sang du Christ. Regardons d’abord la pédagogie de Dieu. 40 ans dans le désert, 40 ans à avoir faim et soif, à connaître le dépouillement. Le texte du Deutéronome nous montre comment Dieu enseigne à son peuple la confiance, en lui donnant chaque jour la manne, ce pain donné pour ce jour, ce jour seulement, puisqu’il ne se garde pas.
Peu à peu Dieu apprend aussi à son peuple, qui a la nuque raide, que « l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Se dépouiller, apprendre la pauvreté et la confiance pour revenir à l’essentiel, avoir faim et soif du don de Dieu et la Parole de Dieu.
Lorsque nous participons à la messe, à l’Eucharistie, nous venons nous nourrir de ce don de Dieu, mais aussi de Sa Parole. Les deux sont importants et indissociables. Comme l’a appris le peuple d’Israël en marche, la bonne attitude lorsque nous venons à la messe c’est celle de l’abandon, celle de la rencontre confiante avec le Père, qui nous donne notre pain quotidien, qui nous donne ce dont nous avons besoin pour vivre.
Parfois il nous semble que le pain que le Père nous donne pour vivre notre quotidien n’est pas celui que nous avons demandé, mais, lorsqu’après une période de recul, nous relisons notre vie depuis notre demande, si nous avons entretenu notre relation avec le Seigneur, et si nous avons cherché à ajuster nos demandes à la volonté de Dieu (pas des demandes de richesse, ni de pouvoir, ni de gloire), il nous apparaît clairement que ce pain donné par le Père était finalement ce dont nous avions réellement besoin pour vivre notre vie d’aujourd’hui.
Recevons donc le pain quotidien, le pain de l’eucharistie, comme un enfant qui reçoit la nourriture de sa mère, dans la confiance, dans l’abandon. L’Amour de Dieu pour nous va plus loin. Il nous a donné son Fils qui Lui-même se donne tout entier à nous dans son Corps et son Sang. A la différence de la manne, ce don n’est pas temporaire, mais éternel. Il nous donne la vie éternelle.
Jésus est le pain vivant, descendu du ciel, et celui qui mange son corps et boit son sang a la Vie éternelle. En réalité, en consommant le Corps et le Sang du Christ, nous passons d’un état où il nous faut chaque jour, nous en remettre à l’amour de Dieu, à celui de l’assurance que ce don quotidien du Père est permanent, donné éternellement dans la personne du Fils.
Le Fils, le Christ Jésus, par sa résurrection, nous donne la Vie éternelle, en plénitude. En se donnant dans l’Eucharistie, Il se fait nourriture, vraie nourriture, et le vin est la vraie boisson. Le pain et le vin eucharistique
sont la chair même et le sang même du Christ Jésus, qui s’est offert pour le salut de tous, pour que nous connaissions Son Père, c’est-à-dire pour que nous ayons la vie même de Dieu, la vie éternelle.
Participer à la messe, ce n’est donc pas banal. Ce ne doit pas être une habitude. Cela ne peut pas être une habitude. Participer à la messe, c’est participer, en toute liberté, à un miracle, à une merveille qui nous dépasse, à un mystère infiniment grand qui se dévoile peu à peu au fil des lectures reçues, au fil des homélies qui éclairent, et bien sûr à chaque communion. Suis-je bien conscient de la grandeur de ce don, de cette merveille, de ce miracle que Dieu fait pour nous ? Comment est-ce que j’y réponds ? Est-ce que je suis reconnaissant, est-ce que je Lui rends grâce ? Et quelle importance est-ce que j’accorde à la liberté et à la Vie que Dieu nous donne par son Fils ?
Ce don que nous recevons, nous dit Saint Paul, n’est pas à recevoir de manière égoïste ou personnelle. « Le pain que nous rompons n’est-il pas communion au Corps du Christ ? ». L’Esprit Saint reçu à la Pentecôte fait de nous un seul corps et un seul sang en Jésus Christ ; Il fait de nous des frères et sœurs.
Chaque fois que nous recevons le Corps ou le Sang du Christ, chacun de nous devient un peu plus frère et sœur de tous les chrétiens, en commençant par ceux de notre communauté locale, notre communauté paroissiale, et nous formons un peu plus l’Eglise. L’Esprit Saint réalise en nous ce que nous venons de recevoir : le corps du Christ, l’Eglise.
J’aime beaucoup ce chant de communion : « Devenez ce que vous recevez, Devenez le corps du Christ. » C’est tout à fait ça ! Devenons ce que nous recevons ! Pour devenir ce que nous recevons, pour devenir le Corps du Christ, nous devons nous y préparer : lorsqu’avant de communier nous prions en disant « Seigneur, je ne suis pas digne de Te recevoir, mais dit seulement une parole et je serai guéri », nous devons retrouver cette attitude d’humilité, de pauvreté, comme celle du peuple d’Israël qui s’adresse au Père dans le
désert.
Sans cet aveu de faiblesse, sans cette faim, sans cette soif, le miracle de l’Eucharistie ne peut pas se produire ni s’accomplir. Je prie pour que tous les baptisés, à commencer par nous, les membres de cette paroisse de
Rochefort, trouvions ou retrouvions cette faim et cette soif du Corps et du Sang de Jésus, cette faim et cette soif de la Vie Eternelle qui nous est offerte, du Salut offert à ceux qui se tournent vers Jésus et qui répondent présents à l’invitation au repas eucharistique.
Et j’invite, tout à l’heure, pour ceux qui s’avanceront pour recevoir le Corps du Christ, que nous recevons parfois par habitude, à prendre conscience : que Jésus est réellement présent dans cette petite hostie, tout entier, pour chacun d’entre nous, dans le don total de Lui-même, qu’Il désire d’un amour ardent nous aimer et être reçu par nous dans une grande disponibilité, dans une grande reconnaissance.
Je vous invite aussi à goûter la liberté et la Vie qui nous est donnée dans ce pain eucharistique, dans ce pain qui nourrit pour l’Eternité, sans jamais disparaître. Amen.
Arnaud FOUAN (diacre)
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