Homélies du père Mickaël

Dimanche 28 avril 2024 – 5ème Dimanche de Pâques – 

“Demeurez en moi, comme moi en vous. (Jean 15, 4)

  • Lecture du livre des actes des apôtres (9, 26-31)
  • Psaume 21 (22)
  • Lecture de la première lettre de St Jean (3, 18-24)
  • Evangile de Jésus Christ selon St Jean (15, 1-8)

Homélie

« Voici le commandement de Dieu : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres. » Au fond, nous dit saint Jean, si nous faisons cela, nous demeurons en Dieu et Dieu demeure en nous et notre vie devient féconde. Ce n’est pas plus compliqué que cela ! Nous avons ici la « recette », ou plutôt le chemin qui donne à notre vie une sérénité, une paix, une assurance et une joie profonde et durable en toute circonstance : croire en Jésus Christ, c’est-à-dire mettre notre confiance en lui et nous aimer les uns les autres, c’est-à-dire vivre la fraternité. Et la figure de Saul dans la première lecture vient nous aider à approfondir ces deux réalités auxquelles nous sommes appelés.

Saul se présente ainsi dans l’Ecriture : « J’aurais moi aussi des raisons de placer ma confiance dans la chair. Si un autre pense avoir des raisons de le faire, moi, j’en ai bien davantage : circoncis à huit jours, de la race d’Israël ; pour l’observance de la loi de Moïse, j’étais pharisien ; pour ce qui est du zèle, j’étais persécuteur de l’Église ; pour la justice que donne la Loi, j’étais devenu irréprochable. » (Ph 3, 4-6) Voilà un homme parfait, intelligent, zélé, irréprochable, sûr de lui, droit, intransigeant, exigeant avec lui-même et avec les autres.

Mais le cœur de cet homme est froid, dur, fermé, sans amour et beaucoup, lisions nous dans la première lecture, avaient peur de lui. Mais sa rencontre avec le Christ Jésus sur le chemin de Damas va alors tout bouleverser dans sa vie. En étant rejoint par le Christ Jésus, il va devoir baisser les armes et commencer à ouvrir la porte blindée de son cœur. Il va apprendre à se reconnaître comme les autres, pécheur, fragile et limité. « Je ne suis qu’un avorton, dira-t-il plus tard, le plus petit des Apôtres, pas digne d’être appelé Apôtre. » (1 Co 15, 9) L’armure, la posture derrière laquelle il se cachait va se briser et la lumière du Christ va pouvoir alors pénétrer en lui et chasser les ténèbres de son cœur.

Saul alors ne s’appuiera plus sur ses propres forces, sur ses seules compétences, sur ses seules capacités, il reconnaîtra que notre capacité vient de Dieu (2 Co 3,5) et que ce que nous sommes, nous le sommes par la grâce de Dieu agissant en nous. (1 Co 15,10) Saul deviendra alors Paul ce grand missionnaire, ce grand apôtre des nations, témoins du Christ jusqu’à la mort ne cherchant plus à persécuter les chrétiens mais, comme il dira lui-même, « avec les faibles, j’ai été faible, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. » (1 Co 9, 22)

Ce que nous percevons ainsi à travers la figure de saint Paul, c’est que la rencontre avec Jésus Christ ne laisse pas indemne, que celui qui accepte d’accueillir le Christ dans sa vie s’en trouve transformé et que sa vie trouve alors une fécondité nouvelle. Trop souvent nous vivons notre vie en nous passant facilement du Seigneur.

Nous menons nos projets, nous agissons, nous décidons, nous entreprenons, nous organisons, en nous passant du Christ qui pourtant nous dit dans l’évangile : « Hors de moi vous ne pouvez rien faire. » En choisissant de faire du Christ non plus un adversaire, ou un concurrent, mais un compagnon de route, Paul est devenu comme un autre Christ : « Ce n’est plus moi qui vis mais le Christ qui vit en moi. » (Ga 2, 20)

Mettre notre foi en Jésus peut changer nos vies. Saul, au moment de sa conversion, alors qu’il a perdu la vue après avoir été comme terrassé par le Christ sur le chemin de Damas, va faire une rencontre décisive avec Ananie chargé de lui imposer les mains pour le guérir. Puis, après sa conversion, c’est Barnabé qui va le prendre sous son aile pour l’initier à cette vie nouvelle et pour l’introduire dans la communauté chrétienne comme nous venons de le lire. Ainsi, ces rencontres avec Ananie et Barnabé et d’autres frères vont être décisives pour Paul. Grâce à leur bienveillance et leur capacité d’accueillir Paul tel qu’il est mais avec un regard d’espérance, Paul a pu être accepté et trouver sa place dans la communauté au service de la mission.

Ce que nous percevons ici à travers la figure de saint Paul c’est que la rencontre avec des frères qui ne jugent pas, qui ne condamnent pas et qui prennent soin de l’autre, comme un frère, est alors capable aussi de changer la vie d’un homme.

Voilà pourquoi, dans ces temps que nous vivons, temps incertains, parfois même angoissants, inquiétants et déstabilisants comme l’actualité nous le rappelle chaque jour, il nous faut nous attacher aux commandements de Dieu : « Mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres » ; ouvrir nos cœurs à Jésus et aux autres, être assez humbles pour nous tourner vers le Seigneur et nous rendre proches les uns des autres.

Le pape François notait dans l’encyclique Fratelli Tutti : « Aujourd’hui, nous pouvons reconnaître que nous nous sommes nourris de rêves de splendeur et de grandeur, et nous avons fini par manger distraction, fermeture et solitude. Nous nous sommes gavés de connexions et nous avons perdu le goût de la fraternité. » (FT 33)

Nous l’entendons, les commandements de Dieu ne sont pas un fardeau, ils nous permettent au contraire de rendre nos vies plus fécondes, plus belles, plus heureuses « Puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. » (1 Jn 5, 4) Amen

Père Mickaël

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