Homélies du père Mickaël

Dimanche 24 septembre 2023  – 25ème dimanche du temps ordinaire.

“Les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers .” Matthieu 20, 16 

  • Lecture du livre du prophète Isaïe ( 55, 6-9)
  • Psaume  : 144 (145) 
  • Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens (1, 20c-24. 27a)

  • Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (20, 1-16)

Homélie 

 A travers cette parabole du maître d’un domaine cherchant des ouvriers pour sa vigne, nous entendons encore aujourd’hui que Dieu appelle largement des ouvriers à sa vigne. Il cherche encore et toujours des hommes et des femmes qui sauront s’occuper de la vigne de l’Église pour que celle-ci offre le meilleur à tous les hommes. N’est-ce pas en effet la mission première de l’Église, que d’offrir le Christ au plus grand nombre, parce que nous avons la certitude qu’il n’y a rien de meilleur pour la vie de tout homme que Jésus Christ. « Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement… Il nous permet de relever la tête et de recommencer, avec une tendresse qui ne nous déçoit jamais et qui peut toujours nous rendre la joie » (Christus Vivit 119)

En sortant à toute heure de la journée en cherchant à être embauché à sa vigne nous percevons à la fois la nécessité et l’urgence de cette mission. « Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. » (Evangelii Gaudium 49)

Déjà dans notre communauté chrétienne beaucoup œuvrent tels les bons ouvriers de la vigne au service de la vie sacramentelle dans les préparations au baptême, au mariage, dans l’accompagnement des démarches catéchuménales, mais aussi dans l’accueil des familles en deuil et la célébration des sépultures faisant ainsi découvrir Celui qui est venu pour nous sauver, nous guérir et nous libérer de tout mal. 

D’autres, en accompagnant la vie spirituelle ou liturgique, donnent à goûter comme est bon le Seigneur à travers la préparation et l’animation des messes, ou encore à travers toutes les propositions de prières très diverses sur notre paroisse. D’autres encore sont investis auprès des enfants et des jeunes, dans les établissements catholiques, lors des rencontres de catéchisme ou d’aumônerie ou encore auprès des servants d’autel pour leur faire découvrir combien ils sont aimés de Dieu, et qu’ils peuvent avancer dans la vie en s’appuyant sur Lui.

D’autres ouvriers réunissent des petites équipes fraternelles nous aidant à prendre conscience toujours plus qu’un chrétien isolé est un chrétien en danger et faire l’expérience que lorsque deux ou trois sont réunis au nom du Seigneur, il est là avec eux. D’autres ouvriers s’investissent dans le monde caritatif, associatif nous rappelant que le Christ est venu non pour être servi mais pour servir. Mais il y a aussi tous les ouvriers discrets pourtant très engagés dans le quotidien des quartiers, des villages, auprès des voisins, des connaissances et qui témoignent souvent avec beaucoup d’humilité de la proximité de Dieu qui s’intéresse à tous les hommes.

C’est la mission des pasteurs d’être proches de celles et ceux qui s’investissent au service de la vigne du Seigneur, de les soutenir, de les encourager, de les former, de les remercier.

En même temps, nous entendons aussi dans cette page d’évangile, le poids de la fatigue, la lassitude, l’épreuve du temps qui touche particulièrement ceux qui sont au service de la vigne du Seigneur depuis les premières heures. Toute cette d’énergie, tout ce temps passé pour si peu de résultats parfois. Et puis peut-être aussi le sentiment d’un manque de reconnaissance de la part des responsables ; tout ce temps et cette énergie dépensée pour la mission !

L’arrivée d’ouvriers plus récents bousculant nos manières de faire jusqu’à notre place dans le travail de la vigne vient aussi parfois jeter le trouble chez les ouvriers de la première heure. « Ceux-là, les derniers venus, n’ont fait qu’une heure, et tu les traites à l’égal de nous. » C’est là que l’unité est mise à mal parmi les ouvriers de la vigne. Et nous l’entendons dans l’évangile, il commence à y avoir des récriminations, de la jalousie, des dissensions. On se compare, on se juge, on s’observe d’un œil mauvais et non bienveillant comme le dit le maître du domaine. Nous savons bien frères et sœurs que cela est inévitable dans nos communautés, dans nos paroisses.

Notre comportement n’est pas toujours digne de l’Évangile du Christ écrit saint Paul dans la deuxième lecture. « La jalousie et l’envie ouvrent les portes à toutes les mauvaises choses. Et cela divise la communauté. Une communauté chrétienne, dont des membres souffrent d’envie, de jalousie, finit par être divisée : l’un contre l’autre. C’est un poison très puissant. Cette attitude crée une amertume qui se répand sur toute la communauté » disait le pape François. Il revient aux pasteurs de veiller et d’encourager la communauté paroissiale, comme l’écrit saint Paul, à avoir beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, à se supporter les uns les autres avec amour ; en ayant soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. (Ep 4, 2-3)

Pour cela, il y a un remède que nous découvrons dans la première lecture. « Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver ; invoquez-le tant qu’il est proche. » Il s’agit ainsi d’être une Église de frères et de sœurs qui écoutent son Seigneur et qui s’écoutent les uns les autres.

Une Église où se vit la communion dans la diversité des charismes et des fonctions. Une Église qui cherche à entrer toujours plus dans les pensées du Seigneur qui ne sont pas nos pensées. C’est la mission des pasteurs de favoriser ces temps d’échange, de réflexion d’une manière synodale à travers les conseils, les assemblées paroissiales et toutes les rencontres à initier pour toujours mieux discerner ce que le Seigneur attend de nous pour que l’Évangile rejoigne le plus grand nombre.

Frères et sœurs au moment où vous accueillez un nouveau curé et un nouveau vicaire, priez le Seigneur pour qu’ils s’épanouissent dans cette nouvelle mission. Soyez proches d’eux, prenez soin d’eux. Et vous qui recevez aujourd’hui cette nouvelle mission, apprenez à toujours mieux aimer et servir ceux qui vous sont confiés.

Que tous vous ressentiez la joie des ouvriers de la vigne du Seigneur. Amen

Père Mickaël

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