Dimanche 24 janvier 2021 – 3ème dimanche du temps ordinaire
” Convertissez-vous et croyez à l’Evangile” Marc 1, 15
- Lecture du livre de Jonas(3, 1-5. 10)
- Psaume 24(25)
- Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (7, 29-31)
- Evangile de Jésus Christ selon saint Marc (1, 14-20)
Homélie
Nous ne sommes pas encore aux jours de carême que déjà nous entendons cet appel à la conversion ; cette parole qui sera dite le jour du mercredi des cendres : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ». C’est dire que la conversion n’est pas un moment de notre vie personnelle ou paroissiale mais bien à chaque instant, comme une conversion permanente. Mais quelle est-elle cette conversion ?
C’est après l’arrestation de Jean Baptiste que Jésus part pour la Galilée proclamer l’Évangile. Et c’est déjà une indication intéressante qui nous est donnée. C’est à un moment particulièrement critique et tendu qui aurait pu au contraire freiner, voire contrarier la mission de Jésus, que celui-ci se met justement en route. Loin de s’enfermer, par peur d’être lui-même livré au même sort que Jean Baptiste, loin de se protéger des menaces, Jésus choisit résolument d’accomplir cette mission pour laquelle il est venu. Rien ne peut le détourner de son chemin, rien ne peut arrêter la Parole qu’il est lui-même.
Se convertir c’est ainsi toujours aller de l’avant sans se laisser déstabiliser par les vents contraires, par les obstacles qui peuvent se mettre sur notre route. C’est croire que rien n’est impossible à Dieu. Même une grande ville païenne comme Ninive peut croire en Dieu et changer de vie à l’annonce de la Parole du Seigneur. Se convertir c’est passer de la méfiance à la confiance, du doute à la foi, du désespoir à l’espérance.
Il y a quelque chose qui toujours nous surprend dans l’attitude des pêcheurs appelés par Jésus. Ils ne semblent pas prendre beaucoup de temps pour réfléchir avant de s’engager à la suite de Jésus. Est-ce à dire qu’ils étaient inconscients, irresponsables ? En effet écrit saint Jérôme, « quel signe avaient-ils vu, quelle majesté avaient-ils aperçue pour, à son appel, le suivre aussitôt ? Cela nous montre assez clairement que les yeux et le visage de Jésus avaient une sorte de rayonnement divin qui attirait facilement les regards. Sans quoi jamais ils n’auraient suivi Jésus qui leur disait : ‘Suivez-moi’ (…) » Et saint Jérôme de poursuivre : « Parce que la parole même du Seigneur était efficace : tout ce qu’il disait, il le réalisait. »
Se convertir c’est ainsi se décentrer de soi pour se tourner vers le Seigneur.
C’est choisir d’écouter la Parole de Dieu, de s’en approcher, de s’en nourrir et de se laisser guider par elle, la Parole de vie. C’est ainsi renoncer à sa volonté propre et choisir de faire la volonté du Seigneur. C’est entrer ainsi dans une écoute qui est l’obéissance confiante à la Parole du Seigneur. C’est ce chemin qu’ont choisi les habitants de Ninive en se convertissant à l’écoute de la parole de Jonas. Il n’y a pas de conversion sans temps donné pour lire, méditer, ruminer la Parole de Dieu. Ce dimanche de la Parole encouragé par le pape François nous le rappelle.
Enfin, lorsque les pêcheurs sont appelés, non seulement ils choisissent de suivre Jésus mais en plus ils laissent leurs filets, leurs barques et même les attaches familiales. (M. Zébédée restera seul dans la barque.) On retrouve cette même intuition dans la lettre de saint Paul aux Corinthiens posant la question de nos attaches et de nos possessions. Saint Matthieu nous invite à travailler non pour les choses de ce monde mais pour les choses qui demeurent. « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. Ne vous faites pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine. » (Mt 6, 33-34) Jésus promet aux pêcheurs un bonheur plus grand que celui qu’ils connaissent, un accomplissement, une plénitude de vie en devenant pêcheurs d’hommes.
Se convertir c’est ainsi aussi renoncer, se détacher, se désencombrer de ce qui n’est pas l’essentiel. C’est s’engager, se bouger, s’investir pour ce qui a du sens et ce qui fait sens. C’est se libérer de ce qui ne contribue pas à notre vrai bonheur. C’est se rappeler, comme l’écrivait saint Augustin qu’il n’y a de vrai bonheur qu’en Dieu. Qu’en lui seul nous trouvons le repos.
Nous percevons ainsi frères et sœurs en quoi cet appel à la conversion est un appel permanent et plus encore dans ces temps que nous vivons. Car avant même que les choses changent autour de nous, elles doivent d’abord changer en nous, nous invitant à avancer en confiance malgré les épreuves et les difficultés, en nous laissant conduire par une Parole sûre, efficace : la Parole même de Dieu, en nous concentrant sur l’essentiel : la vérité et la justice dont nous parle aussi le psaume de ce jour. Faisons donc de cet appel à la conversion un vrai chemin pour nos vies. Amen
Père Mickaël, curé
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