Préparons-nous à la venue des reliques de St Thomas d’Aquin cet été à la Rochelle

Pour se préparer à la venue des reliques de saint Thomas d’Aquin cet été à la Rochelle et dans notre diocèse.

Invitation le jeudi 30 mai à 20h00 en l’église Sainte Jeanne d’Arc à Fétilly

Le frère Gilbert Narcisse o.p. donnera une conférence sur saint Thomas, comme maître de vie spirituelle
(entrée libre, avec panière à disposition pour financer les œuvres du couvent de Bordeaux)

 

 

Crédit photo Sophie Delay – Couvent des Jacobins Toulouse

Thomas d’Aquin est reconnu docteur de l’Église en 1567 puis docteur commun en 1923. Tous les conciles, de Florence (1431 et 1437) à Vatican II (1962-1965), en passant par celui de Trente (1545-1563), s’y réfèrent comme à une autorité majeure. Pas un couvent, pas une université, pas une grande ville européenne qui n’ait souhaité disposer d’une relique du saint docteur.

Le culte de saint Thomas s’est élargi à mesure que sa sainteté, proclamée par le pape Jean XXII en 1323 à Avignon, a gagné en popularité et que son enseignement s’est diffusé bien au-delà du cercle des Dominicains, comme le signale l’historien Guy Lobrichon dans sa conférence « La canonisation par Jean XXII »

Quel est le sens de la vénération des reliques

« Celui qui est affectionné pour quelqu’un vénère aussi les choses que cette personne a laissées d’elle-même après sa mort » dit simplement saint Thomas d’Aquin († 1274).

La théologie tient compte de l’expérience humaine. Quand on regarde le collier porté par une grand-mère ou le missel dont elle se servait, ce n’est pas au collier ou au missel que va notre affection, mais à  la grand-mère que ces objets rappellent. Vous vous souvenez alors de sa bonté et de sa foi, des bons conseils qu’elle  a prodigués et vous rendez grâce à Dieu de vous avoir donné une telle grand-mère. C’est dans ce comportement humain naturel que s’enracine le culte des reliques. Si nous conservons des photos, des vêtements ou des objets de nos parents, à  plus forte raison devons-nous vénérer le corps d’un saint qui fut très proche  de Jésus Christ.

Le culte des reliques a commencé avec le témoignage des martyrs  et avec Hélène, la mère de l’empereur Constantin, qui a restauré les lieux saints de Jérusalem (326 – 328) et retrouvé les reliques de la Passion du Christ ( sainte Croix et couronne d’épines). Le récit des chrétiens martyrisés est très émouvant comme celui de Ste Blandine jetée aux bêtes, à Lyon, en 177 sous l’empereur Marc Aurèle. Son innocence et son courage convertirent même certains de ses bourreaux, de là vient peut-être la célèbre phrase de Tertullien ( 155-225), premier père de l’Eglise d’Occident : ” sanguis martyrum, semen christianorum – sang des martyrs, semence des Chrétiens.”

On comprend aisément que la famille et les amis d’un témoins de la foi ayant donné sa vie pour le Christ,  aient voulu conserver, plus que le souvenir d’un martyr,  sa présence, grâce à une relique. La coutume fort ancienne de célébrer l’Eucharistie sur le tombeau des martyrs se prolonge encore aujourd’hui avec les autels consacrés qui contiennent, enchâssées dans la pierre, des reliques de saints.

Quand les persécutions prirent fin, l’usage s’est établi  de célébrer  l’anniversaire des  martyrs au lieu de leur sépulture. Tous les Pères de l’Eglise appuient ce culte de leur autorité . En Orient saint Jean Chrysostome (†407) conseille de venir prier le Seigneur sur le tombeau des martyrs pour solliciter des  grâces, et parfois celles ci sont accordés.

Bientôt l’Orient devait connaître la querelle iconoclaste : était-il permis ou non de vénérer les saintes images ? Le Concile de Nicée II (787) trancha la question en écartant toute accusation d’idolâtrie car « l’honneur rendu à l’image s’en va au modèle original et celui qui vénère l’image vénère en elle la personne de celui qu’elle représente » . En Orient, toujours, la vénération des saintes icônes s’est associée au culte des reliques des saintes et des saints.

En Occident, Saint Augustin (†430) encourage la vénération des martyrs « qui ont servi d’instrument et d’organe au Saint-Esprit pour toutes sortes de bonnes œuvres ».

Les croisades favorisèrent une véritable chasse aux reliques, surtout en Terre Sainte, parce que la possession de reliques célèbres assurait la fortune du sanctuaire qui en possédait une : reliques de St Marc à Venise, reliques de St Jacques à Compostelle, châsse des Rois mages à Cologne et ainsi de suite.

On peut également citer la maison de la sainte famille à Lorette en Italie, la vénération de  la couronne d’épines de la Passion dans la Sainte-Chapelle à Paris, celle du précieux sang à Bruges; la plus célèbre des reliques du Christ est probablement celle du saint suaire du Christ à Turin. Saint Thomas d’Aquin dans un article de la Somme théologique justifie la vénération des reliques en raison de trois motifs :

“• L’affection qui nous lie aux saints, amis de Dieu et nos intercesseurs auprès de Lui, nous porte à vénérer tout ce qui reste d’eux, vêtements, objets etc..
• On doit vénérer principalement le corps des saints qui ont été les temples et les organes de l’Esprit Saint et qui doivent être configurés au corps du Christ dans la gloire de la Résurrection.
• Toute l’histoire de l’Eglise prouve que Dieu accomplit des miracles en présence des reliques des saints.
Le Concile de Trente sanctionnera de son autorité cet enseignement .”

Les guerres de religion amenèrent le pillage et la dispersion d’innombrables reliques. La Révolution française, elle aussi, amena son lot de destructions.

Le Concile Vatican II rappelle que « selon la Tradition, les saints sont l’objet d’un culte dans l’Eglise, et l’on y vénère leurs reliques authentiques et leurs images. »

« Notre religion est sainte qui a bien connu l’homme », disait Pascal. L’homme reste l’homme :  le juste culte des saints  nous pousse à les imiter et à adorer Dieu.

( Tiré d’un article  du site du diocèse de Paris )