Pour une paroisse missionnaire…

Dimanche 27 septembre en l’église Notre Dame de Rochefort
a eu lieu à 9h30 l’assemblée  paroissiale de rentrée, suivie à 11h  par la messe paroissiale unique, clôturée  par le verre de l’amitié.

L’assemblée paroissiale a réuni une soixantaine de paroissiens. Étaient présents les responsables de services : catéchisme, animation pastorale, chants, liturgie, groupes de prière, entretien des locaux, aux jeunes pros et aux associations d’entraide comme le Secours Catholique, le CCFD, 100 pour 1 toit, aumônerie de la maison d’arrêt et de l’hôpital, service évangélique des malades, etc. ainsi que des fidèles de la paroisse .

Le père Mickaël a présenté à l’assemblée Pascal d’Erceville qui rejoint l’Équipe Pastorale et Anne Robin qui a reçu la mission de la pastorale missionnaire : créer des liens et assurer une présence aux périphéries particulièrement au Petit Marseille.

Les vingt ans de sacerdoce du père Mickaël Le Nezet

Les  paroissiennes et paroissiens ont saisi l’occasion de cette assemblée de rentrée, pour réserver une surprise à leur curé en lui rappelant son 20ème anniversaire de sacerdoce et lui offrir une icône du Christ bon pasteur avec un chèque d’un montant sympathique. Son émotion n’était pas feinte.

Message du père Mickaël Le Nezet

Je voudrais vous partager le projet pastoral de l’année que nous souhaitons vivre et mettre en place pour notre communauté paroissiale. Je remercie dans un premier temps les membres de l’Équipe Pastorale, les membres des conseils des responsables et économiques, ainsi que les animatrices pastorales au service de notre paroisse. Ces derniers jours je pensais aussi à tous les bénévoles de la paroisse qui depuis tant d’années se donnent souvent d’une manière discrète mais toujours efficacement. Je remercie aussi les prêtres et les diacres qui exercent leur ministère sur notre paroisse.

Voilà déjà trois ans que nous avons été envoyés travailler à la vigne du Seigneur, qu’est la paroisse de Rochefort.Il s’est fait beaucoup de choses ces dernières années et nous avons vécu de grands moments d’Eglise à commencer par les ordinations de Sam et Eric. Depuis des mois, nous sommes aussi marqués par cette pandémie qui a profondément affecté notre vie paroissiale et continue de le faire, les masques que nous portons en témoignent.

Dans ce contexte, deux convictions nous rejoignent nous qui sommes paroissiens de Rochefort appelés à être toujours des disciples missionnaires.

1 – Pas sans Lui

Pour moi, un missionnaire est d’abord, et avant tout, quelqu’un qui a rencontré le Christ personnellement et qui se donne les moyens de grandir et de vivre de cette relation. Le missionnaire est d’abord un disciple et c’est ainsi qu’il peut devenir un vrai missionnaire. Il n’y a pas de mission sans une intimité réelle, quotidienne avec le Christ. Sinon nos actions ne sont que des œuvres humaines et ne peuvent s’inscrire dans le temps. Si ce préalable n’est pas assuré, la mission sera plus difficile et sans doute peu pérenne.

« J’invite chaque chrétien, en quelque lieu et situation où il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse. » (EG 3)

« Une annonce renouvelée donne aux croyants, même à ceux qui sont tièdes ou qui ne pratiquent pas, une nouvelle joie dans la foi et une fécondité évangélisatrice. »  (EG 11)

Il nous faut ainsi nous aider les uns les autres à accueillir à nouveau frais cette annonce de la Bonne nouvelle, qu’elle nous rejoigne dans le concret de nos vies, qu’elle nous bouscule au point de nous laisser transformer par cette annonce. Un cœur réchauffé, réveillé, tel celui des disciples d’Emmaüs peut alors commencer à rejoindre les frères pour leur porter témoignage.  « La première motivation pour évangéliser est l’amour de Jésus que nous avons reçu, l’expérience d’être sauvés par lui qui nous pousse à l’aimer toujours plus.

Mais, quel est cet amour qui ne ressent pas la nécessité de parler de l’être aimé, de le montrer, de le faire connaître ? Si nous ne ressentons pas l’intense désir de le communiquer, il est nécessaire de prendre le temps de lui demander dans la prière qu’il vienne nous séduire. Nous avons besoin d’implorer chaque jour, de demander sa grâce pour qu’il ouvre notre cœur froid et qu’il secoue notre vie tiède et superficielle. » (EG 264)

Nous voudrions ainsi, à travers les propositions que nous souhaitons faire nous donner à goûter Dieu d’une manière plus intense, plus profonde. C’est de là que viendra la motivation pour l’annoncer et pour témoigner. Le pape développe ce chemin alors missionnaire dans Christus vivit : « Toute la formation chrétienne est avant tout l’approfondissement du kérygme qui se fait chair toujours plus et toujours mieux ».[113] 

Par conséquent, la pastorale (des jeunes) doit toujours inclure des temps qui aident à renouveler et à approfondir l’expérience personnelle de l’amour de Dieu et de Jésus-Christ vivant.

Cela se fera par divers moyens : des témoignages, des chants, des moments d’adoration, des espaces de réflexion spirituelle avec les Saintes Ecritures. Mais jamais cette joyeuse expérience de rencontre avec le Seigneur ne doit être remplacée par une sorte “d’endoctrinement”. (CV 214)

« Évangélisateurs avec esprit signifie évangélisateurs qui prient et travaillent (…) Sans des moments prolongés d’adoration, de rencontre priante avec la Parole, de dialogue sincère avec le Seigneur, les tâches se vident facilement de sens, nous nous affaiblissons à cause de la fatigue et des difficultés, et la ferveur s’éteint.

L’Église ne peut vivre sans le poumon de la prière, et je me réjouis beaucoup que se multiplient dans toutes les institutions ecclésiales les groupes de prière, d’intercession, de lecture priante de la Parole, les adorations perpétuelles de l’Eucharistie. » (EG 262)

 Concrètement nous voulons cette année :

    • Travailler à rendre nos messes dominicales plus belles, plus joyeuses, plus profondes.
    • Cela commence par la qualité musicale. La chorale saint Vincent les 1ers dimanches du mois à Notre Dame et les 3èmes au Breuil Magné, l’animation musicale assurée par le groupe de musique composé aussi de jeunes collégiens et lycéens les 2èmes dimanches et l’animation assurée par nos animateurs les 3èmes et 4èmes dimanches nous aideront.
    • La qualité des prédications, la qualité du service de l’accueil et la participation active de tous doivent nous aider dans ce sens. Nous soignerons aussi les messes du samedi soir et particulièrement les deux samedis où les enfants et les parents de la catéchèse seront présents.
    • Proposer tous les mardis après la messe de 18h15 pendant une demi-heure à la chapelle saint Louis un temps de louange et d’adoration.
    • Proposer trois fois dans l’année trois veillées d’une heure autour d’une fête. La première aura lieu ce jeudi 1er octobre en la fête de Ste Thérèse.
    • Je n’oublie pas les autres propositions qui existent déjà telles le chapelet, la prière des vêpres et la messe de semaine, enfin les groupes autour de la parole de Dieu à développer. Comme les soirées « miséricorde ».
    • Une proposition pourrait être faite pour nous aider aussi à approfondir le sens de l’Eucharistie. Il faut quelques volontaires pour se lancer et une personne pour l’animer mais les documents sont disponibles.

2 – Comme Lui

Jésus doit être le modèle du choix évangélique. « Unis à Jésus, cherchons ce qu’il cherche, aimons ce qu’il aime » (EG 267)

« Il ne sert à rien d’organiser des initiatives spéciales, d’inventer des mobilisations spéciales. Il suffit de vivre la vie comme elle vient, de vivre de manière missionnaire les gestes les plus habituels ; les occupations les plus ordinaires, au milieu de personnes que le Seigneur nous fait rencontrer. Cela vaut également pour la vie des paroisses et des communautés. » (Pape François, « sans Jésus nous ne pouvons rien faire ». Être missionnaire aujourd’hui dans le monde, p. 82)

« Pour être d’authentiques évangélisateurs, il convient aussi de développer le goût spirituel d’être proche de la vie des gens, jusqu’à découvrir que c’est une source de joie supérieure.  La mission est une passion pour Jésus mais, en même temps, une passion pour son peuple.  (EG 268) Jésus même est le modèle de ce choix évangélique qui nous introduit au cœur du peuple. Quel bien cela nous fait de le voir proche de tous ! » (EG 269)

C’est par attraction et non par prosélytisme qu’on interpellera les gens disait le pape Benoît XVI. La mission est donc pour moi avant tout proximité, attention aux autres, disponibilité pour la rencontre, écoute gratuite de l’autre. Mais il est vrai que cette gratuité, ce « temps perdu » pour la rencontre n’est pas dans l’air du temps où il faut être efficace, rentable, productif… même dans l’Église. « La culture de la rencontre qui met la personne au centre de tout, promeut le dialogue, la solidarité et l’ouverture à chacun.  Il est donc nécessaire que la paroisse soit le lieu qui donne le désir d’être ensemble et fait grandir les relations personnelles durables. Chacun peut découvrir ce que signifie ‘faire partie’ et ‘être aimé’. » (n°25)

La mission doit se traduire aussi, et peut-être même prioritairement, par une attention pour les plus pauvres, les plus fragiles. On ne se trompe jamais de chemin lorsqu’on choisit de les rejoindre. Et nous savons que ces pauvretés sont multiples aujourd’hui. Comment inviter notre communauté à cette attention ? Quelles priorités se donner dans notre communauté pour honorer cet appel ?

Alors la mission fera peut-être moins de bruit. Elle sera moins spectaculaire. Elle n’entraînera pas les foules. Elle ne s’imposera pas. Elle sera plus humble, plus discrète. Mais elle sera telle la semence plantée en terre qui grandit, on ne sait comment.

Concrètement nous voulons cette année :

    • Apprendre chaque jour à devenir une communauté plus fraternelle et plus unie où chacun se connaît et se reconnaît où nous ne sommes plus des étrangers assis les uns à côté des autres mais des frères et des sœurs. Les trois minutes à la fin des messes demeurent importantes, des rencontres gratuites par quartier peuvent être aussi initiées. De temps en temps un repas partagé dans les limites des conditions sanitaires. L’espace du Catholic’s Pub peut devenir aussi en dehors de la soirée du vendredi un lieu de rencontres. Nous pensons initier aussi des dîners 4/4…
    • Vous inviter tout simplement à être attentifs à celles et ceux qui vous entourent, dans vos quartiers, surtout les personnes les plus isolées. La vie ordinaire peut devenir le lieu de cette proximité à vivre comme un vrai lieu de mission et de témoignage.
    • Profiter aussi des différentes préparations aux sacrements, surtout baptême et mariage, pour mieux nouer des liens avec les familles, pour mieux les accueillir et les rencontrer. Une nouvelle animatrice pastorale vient de recevoir une mission pour, avec d’autres y être particulièrement attentive.

3 – Des équipes missionnaires

Je n’oublie pas l’invitation du Seigneur à proclamer la Bonne Nouvelle là où elle n’est pas encore annoncée. Mais je sais que ce n’est pas facile. Je sais qu’il faut pour cela un certain charisme, tout simplement du goût pour cette mission de rejoindre les périphéries si chères au pape François. Alors je crois préférable de commencer modestement par quelques-unes. Ce pourraient être 3 ou 4 dans un premier temps.

C’est ainsi que Dieu a toujours procédé. « Ainsi parle le Seigneur Dieu : « À la cime du grand cèdre, je prendrai une tige ; au sommet de sa ramure, j’en cueillerai une toute jeune, et je la planterai moi-même sur une montagne très élevée. Sur la haute montagne d’Israël je la planterai. Elle portera des rameaux, et produira du fruit, elle deviendra un cèdre magnifique. En dessous d’elle habiteront tous les passereaux et toutes sortes d’oiseaux, à l’ombre de ses branches ils habiteront. » (Ez 17, 22-23)

Ces petites équipes missionnaires seraient composées d’hommes et de femmes :

    • Qui vivent cet enracinement missionnaire en prenant le temps de la contemplation du Christ dans son corps Eucharistique et dans sa Parole. Concrètement ça commence ainsi ; par la petite demi-heure le mardi soir de 19h à 19h30. Et là nous pouvons tous y participer même si nous ne nous sentons pas prêt à rejoindre ces équipes.
    • Qui vivent une réelle fraternité, comme des frères et des sœurs vivant la mystique du vivre ensemble comme l’exprime le pape. « Nous ressentons la nécessité de découvrir et de transmettre la “mystique” de vivre ensemble, de se mélanger, de se rencontrer, de se prendre dans les bras, de se soutenir. »
    • Qui se font proches, disponibles, attentives aux autres à commencer par les plus petits. « Il ne s’agit pas de faire de l’animation missionnaire comme s’il s’agissait d’un métier, mais de vivre avec les autres, de les suivre pas à pas, de demander à les accompagner en apprenant à cheminer à leur rythme. Les missionnaires « à la sauvette » n’ont rien à voir avec cela. » (p. 115)

Concrètement cette année nous voulons :

    • Continuer ce qui se vit sur le quartier Libération et Bois de Chartres avec la petite équipe de laïcs toujours aussi motivée accompagnée par le Père Jean.
    • Développer une présence dans le quartier du « petit Marseille » avec une équipe qui a commencé depuis quelques semaines à s’y rendre pour rencontrer non seulement les enfants et les parents mais aussi les partenaires sociaux qui œuvrent sur ce quartier.
    • Poursuivre l’animation des soirées au Catholic’s Pub le vendredi soir avec une équipe renouvelée toujours avec le souci d’accueillir ceux qui viennent de loin.
    • Garder les liens, comme je l’ai dit plus haut, avec celles et ceux qui frappent à la porte de l’Église, qui expriment une demande.

Conclusion

Un document sur la conversion des paroisses rappelle enfin ceci :

« La conversion pastorale des structures implique la conscience que « le saint Peuple fidèle de Dieu est oint de la grâce de lEsprit Saint ; par conséquent, au moment de réfléchir, de penser, dévaluer, de discerner, nous devons être très attentifs à̀ cette onction. Chaque fois que, comme Église, comme pasteurs, comme consacrés, nous avons oubliés cette évidence, nous nous sommes trompés de route. Chaque fois que nous voulons supplanter, réduire au silence, anéantir, ignorer ou réduire à de petites élites le Peuple de Dieu dans sa totalité et ses différences, nous bâtissons des communautés, des plans pastoraux, des élaborations théologiques, des spiritualités et des structures sans racines, sans histoire, sans visage, sans mémoire, sans corps, de fait, sans vie. Lorsque nous faisons abstraction de la vie du Peuple de Dieu, nous tombons dans la désolation et nous pervertissons la nature de l’Église ». En ce sens, le clergé ne réalise pas seul la transformation sollicitée par l’Esprit Saint mais il est engagé́ dans la conversion qui touche toutes les composantes du Peuple de Dieu. Il convient donc de « chercher consciemment et avec lucidité́ des espaces de communion et de participation afin que lOnction du Peuple de Dieu tout entier trouve ses médiations concrètes pour se manifester ».

C’est l’esprit du conseil des responsables mis en place depuis trois ans, de la présence d’une Équipe Pastorale et aussi de l’assemblée paroissiale. Évidemment il faut du temps pour ajuster nos structures, pour aider chacun à trouver sa place et la prendre. Mais je souhaiterais que nous nous investissions tous là aussi en demeurant toujours dans l’humilité et la simplicité mais en acceptant aussi de sortir du critère du « on a toujours fait ainsi ». Il faut accepter de se laisser toujours déplacer et bousculer par l’Esprit Saint, l’agent principal de l’évangélisation rappelait Paul VI en son temps. Et c’est aussi pour cela que rien ne se fera sans Lui ; l’Esprit qui fait toute chose nouvelle. Il est donc nécessaire que notre paroisse prenne du temps pour s’en remettre à Lui chaque jour à travers les propositions que j’ai décliné dans la première partie. Mais rien ne se fera sans la participation même modeste de tous les membres de notre communauté autour des propositions simples que j’ai déclinées dans la deuxième partie. Enfin pour celles et ceux qui voudraient aller plus loin, il est possible de rejoindre ces petites équipes missionnaires pour un service là aussi très humble mais si précieux.

Je vous remercie,

Père Mickaël, curé.

Pour télécharger le message du père Mickaël, cliquez ICI

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