Malgré la canicule… pèlerinage vers les prêtres martyrs de l’île Madame

Cette année, le pèlerinage était présidé par Mgr Pascal WINTZER, archevêque de Poitiers et Mgr François JACOLIN, évêque de Luçon, administrateur apostolique du diocèse de la Rochelle. Etaient également présents parmi 60 prêtres diocésains le curé du lieu, le père Arockiya et le curé de Rochefort, le père Mickaël LE NEZET.

Vidéo : procession au sanctuaire

Programme de la journée :

  • 9h45 : Accueil des pèlerins au sanctuaire près de la passe aux bœufs de Port-des-Barques
  • 10h : Temps spirituel, évocation du martyre des prêtres et religieux déportés à Rochefort de mars 1794 à  février 1795 par le père Y. BLOMME
  • 11h : Messe solennelle
  • 12h15 : Pique-nique. possibilité de restauration à la buvette.
  • 14h : Enseignement de Mgr WINTZER
  • 14h45 : Procession vers la Croix des galets
  • 16h : Célébration à la Croix des galets et envoi

Depuis 1910, les catholiques se rassemblent pour un pèlerinage sur l’île Madame, près de Rochefort (Charente-Maritime).

Ils y vénèrent le martyre des 547 prêtres et religieux morts à Rochefort en 1794, pendant la Terreur de  la Révolution française.

En mémoire des bienheureux martyrs

En 1995, à Rome Jean-Paul II  béatifia,  64 prêtres et religieux, faisant partie des 829 prêtres et religieux déportés à Rochefort, choisis en raison de dossiers historiquement bien fondés. Parmi eux figuraient, leur vicaire général clandestin, désigné par Jean-Charles de Coucy évêque de La Rochelle, l’abbé Jean-Baptiste Souzy, un des aumôniers de la comtesse de Provence, l’abbé de Cardaillac, deux moines de la trappe de Sept-Fons dans l’Allier, les frères Paul et Élie, ayant collaboré au maintien de la vie religieuse parmi les prisonniers.

Extrait de l’allocution du père Yves Blomme :

Dans des conditions carcérales dantesques et avec l’interdiction formelle de toute pratique religieuse les prêtres et religieux déportés ont maintenu malgré tout la vie religieuse et la dispensation des sacrements ( confessions, sacrement des malades, extrême onction.) Aux déportés du centre de la France, de l’est et de l’ouest les soldats laissèrent quelques effets personnels (hosties consacrées, un flacon d’huile sainte), en fermant les yeux, par contre les prêtres venant de la région de Poitiers furent spoliés d’absolument tout effet personnel.

Sur le vaisseau : “ les 2 associés” le capitaine Laly s’avéra intraitable, par contre, le capitaine Gibert du “Washington” fut moins cruel. Des réunions avaient lieu dans l’entrepont sous la protection d’un guetteur, la messe ne pouvait être qu’une messe “sèche”, sans vin ni pain ni calice mais uniquement d’intention en reprenant le rituel de la messe prononcé à voix basse par un prêtre le connaissant par coeur. Cette union par le coeur et la pensée aux messes célébrées dans le monde suffisait à rendre ces célébrations valides. De minuscules fragments d’hosties consacrées étaient réservés aux mourants.

Sur les goélettes, servants d’infirmeries, ou plutôt de mouroirs, vu l’absence de soins, les prêtres ou religieux infirmiers accordaient l’extrême onction avec une goutte d’huile sainte sur le front.

Il en fut de même sur l’île Madame en 1794 lorsque l’infirmerie y fut transférée, elle dépendait du diocèse de Saintes, dont l’évêque Louis de la Rochefoucauld figura, en 1792, parmi les nombreuses victimes du massacre du couvent des Carmes à Paris.

Victimes des conditions concentrationnaires les prêtres et religieux se confièrent entièrement à la miséricorde divine sans se soucier du lendemain tout en s’efforçant, de tout leur coeur, de pardonner à leur bourreaux. Ils évitèrent aussi de s’attarder sur la division en deux du clergé de l’époque: les prêtres jureurs et les prêtres réfractaires insermentés, provoquée par l’obligation de  signer la constitution civile du clergé de 1790. Signer revenait à faire allégeance à l’Etat révolutionnaire; les prêtres jureurs  acceptèrent, tandis que les prêtres insermentés refusèrent, pour ne reconnaître que l’autorité  du pape.

Procession d’entrée et messe solennelle, chant : – Vivre comme le Christ.

Evangile de Jésus Christ selon St Jean (10, 11-18)

Homélie de Mgr Pascal Wintzer 

L’homélie fut un appel à la fidélité, à la vie religieuse, aux messes, aux sacrements dont celui de la réconciliation, à l’image de la fidélité des prêtres déportés vivant dans des conditions extrêmes.  Le témoignage est un autre aspect de notre fidélité au baptême. Avons-nous le courage de témoigner de notre foi dans la vie de tous les jours sans crainte du “qu’en dira-t-on” ?

Le deuxième point fort est le pardon qui seul peut apporter la paix dans les conflits personnels, familiaux et sociaux. Les prêtres martyrs, rescapés des pontons de Rochefort ont voulu pardonner à leurs bourreaux car ils voulaient réconcilier les Français entre eux.  Libérés, ils ont tu leurs souffrances et milité pour rétablir la paix civile.

N’hésitons pas à recourir au sacrement de pénitence et de réconciliation, n’ayons pas peur de nous voir tel que nous sommes, Dieu nous tend la main pour nous relever. Ne nous privons pas de la grâce du pardon.

Extrait du témoignage de Mgr Pascal Wintzer archevêque de Poitiers,  consacré à la réconciliation.

Traités comme des esclaves, comme des choses, entassés sur les 2 anciens

Mgr Pascal WINTZER, archevêque de Poitiers. France.

bateaux négriers : “les 2 associés” et le “Washington” les prêtres et religieux déportés ont eu le souci de préserver leur dignité de fils de Dieu. Sans pardon et sans réconciliation les hommes perdent cette dignité. Ils ont affronté la mort en refusant d’en tirer ou gloire, ou rancune. La Révolution française fut une guerre civile qui opposa les citoyens entre eux , une fraction du peuple a voulu exclure l’autre de l’unité nationale.

Seul le désir de  réconciliation peut rétablir l’unité entre des hommes qui se sont entredéchirés.  Bien sûr les mémoires restent blessées,  car si les uns ont blessé, les autres, eux, ont été blessés. Il faut aller au-delà avec l’aide de Dieu.

Les guerres font partie de l’histoire de l’humanité en ce qui concerne la France il y a eu les guerres de religion, la première et la seconde guerre mondiale, puis, plus récemment, la guerre d’Algérie, celle du Vietnam, depuis le 24 février 2022 l’Europe souffre de la guerre en Ukraine. A chaque fois il n’y a qu’une seule victime : l’humanité.

Les guerres civiles proviennent de jugements, d’idéologies péremptoires qui désignent l’adversaire, celui qu’il faut éliminer, celui qui pense autrement que nous, et ceci dans l’espoir insensé de créer enfin la société idéale. Les prêtres déportés ont refusés de cultiver la haine ils ont voulu pardonner. C’est très dur, il faut parfois demander l’aide de Dieu. Le sacrifice du Christ a été salutaire : par sa mort sur la croix en sa personne il a tué la haine (Ep 2, 13)

Seigneur aide nous à pardonner, libère nous des rancunes et des jalousies. Le Christ s’est aussi écrié :“Père pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font”. Les prêtres et religieux déportés ont fait leur cette prière. Méditons cette parole du Christ, notre mission de chrétiens est de contribuer à la communion entre les hommes. Les martyrs de l’île Madame ont voulu la réconciliation, prenons exemple de leur sainteté et prions les de guider nos pensées, nos paroles et nos actes.

Dans une autre intervention Mgr Wintzer évoquera la question de la “Petite Eglise”, communauté chrétienne, vivant au nord des  Deux Sèvres, qui s’est mise en dehors de la juridiction épiscopale de Poitiers depuis 1801, date du concordat signé entre Napoléon et le pape Pie VII. Le litige porta, la Révolution étant terminée, sur la réintégration des prêtres jureurs dans l’Eglise catholique, et le maintien à l’écart d’évêques chassés de leur diocèse par la Révolution, et leur remplacement par des évêques  plus souples avec le régime révolutionnaire, puis impérial. Là encore, le pardon fut difficile à accorder; dans l’Eglise des premiers siècles après les persécutions des empereurs romains, bon nombre de chrétiens apostasièrent, par peur de la mort et des tortures ont les appela les “lapsi”. Eh bien, le calme étant revenu, avec la liberté de culte, l’Eglise décida de les réintégrer, après confession et pénitence. Ce qui provoqua des protestations qui ne furent pas retenues.

Mgr François Jacolin administrateur apostolique du diocèse a salué les pèlerins, un groupe de bénédictines de Montmartre venues en retraite, la directrice des pèlerinage, les bénévoles de La Rochelle et ceux des paroisses de Rochefort et de saint Agnant. Madame la maire de Port des Barques madame Lydie Demené, a été également remerciée en raison de l’importante implication des service technique de la ville.

En conclusion du pèlerinage Mgr Georges Colomb s’adresse ainsi aux pèlerins sur le fascicule qui leur a été remis : ” Marchons ensemble,  avec la foule des saints et avec le Christ sous la conduite de l’Esprit Saint, piour parvenir à la maison du Père.”

Photos GT

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